Témoignage et extrait Pierre Voituriez

Préface

Mes enfants et petits-enfants m'avaient souvent demandé d'écrire ma vie. J'ai essayé à plusieurs reprises, mais sans succès !

Or j'ai un jour découvert une « écrivaine de vie » sur internet : elle habite dans la Nièvre, où elle élève des chevaux. Nous avons d'abord fait connaissance par courriel, puis par téléphone, et avons finalement conclu un accord.

Elle a établi un programme de travail, par chapitre, que nous avons scrupuleusement suivi. Nous avons échangé durant une heure trois fois par semaine, et à ce rythme avons travaillé huit semaines ! Chaque soir d'entretien elle m'envoyait le résultat de notre échange du jour, afin qu'éventuellement je le corrige, précise ou y rajoute des éléments.

Elle se nomme Catherine et nous sommes devenus de très grands amis. Sans elle, cette histoire n'aurait jamais vu le jour. Qu'elle en soit remerciée par nous tous...

Extrait

Les mouettes, d'ailleurs, nous indiquaient souvent les bancs de maquereaux par leur regroupement au-dessus d'eux. Ce n'était alors plus de la pêche mais littéralement du braconnage, car on prenait ces maquereaux simplement avec un fil et une dizaine d’hameçons, en le trempant dans l'eau et en le faisant bouger. On prenait ces malheureux poissons par le ventre, par la queue, la tête,... Nous les ramenions pour les donner à des veuves de marins-pêcheurs, qui avaient l'autorisation de les vendre par leurs propres moyens. Petite anecdote concernant un malheureux goéland, qui avait capturé un de nos hameçons garnis de vers de mer alors que nous lancions notre ligne. Inutile de vous dire que nous avons dû couper le fil et perdre toute la ligne, car les goélands ont de redoutables becs coupants : il n'était donc pas question de le ramener à bord !

Quand nous partions avec un invité, nous le prévenions systématiquement que nous ne reviendrions pas avant le soir. Un jour nous avons eu un convive qui a eu le mal de mer toute la journée : nous étions à l'ancre et subissions à la fois le roulis, le tangage et la marée. Il a passé toute la sortie au fond du bateau, où de surcroît il recevait sur lui tous les poissons que nous attrapions !

Je n'ai vu mon ami Debruyne avoir le mal de mer qu'une seule et unique fois mais il fallait pour autant ramener le bateau au port, j'étais donc le seul à pouvoir effectuer les manœuvres ; je n'avais absolument aucune visibilité, en fait je ne voyais que la mer autour de moi. Jean m'a dit : « Mettez-vous sur le compas, et avancez ! » J'ai vraiment soupiré de soulagement quand j'ai enfin aperçu la terre, et j'ai été bien heureux de pouvoir ramener le bateau à bon port. Ô surprise, en mettant le pied sur la terre ferme, Debruyne était subitement complètement guéri !